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Les dirigeants mondiaux fixent le cap
Le sommet sur le climat organisé par les États-Unis en avril dernier, plus grand rassemblement virtuel de dirigeants mondiaux à ce jour, a permis à 40 pays d’échanger sur leurs objectifs de réduction d’émissions. Le sommet a placé la barre haut en matière d’objectifs climatiques. Les États-Unis se sont engagés à réduire de moitié leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 2005. Le Royaume-Uni vise une réduction de 68 % d’ici à 2030 et de 78 % d’ici à 2035. L’Union Européenne s’est déjà engagée à réduire ses émissions de carbone de 55 % d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 1990.
Au cours du sommet, le Japon a été critiqué pour son objectif insuffisant de réduction de 46 % d’ici à 2030. Selon les experts, le pays ne pourra atteindre des émissions nettes nulles en 2050 (conformément à l’Accord de Paris), qu’avec une réduction de 60 % par rapport aux niveaux de 2013.
L’Australie devrait annoncer un plan supplémentaire et de nouveaux objectifs ont été fixés par le Canada. La Corée du Sud pourrait réduire sa participation dans les combustibles fossiles à l’étranger. La Chine avait déjà promis de plafonner ses émissions d’ici à 2030 et d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2060. Un engagement qui est largement conforme à l’objectif de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C.
« [C’est] un rappel de la force de l’Accord de Paris. Nous avons entamé la transformation économique la plus passionnante de l’histoire de l’humanité – un virage définitif d’un niveau élevé de carbone à des émissions nettes nulles. » – Christiana Figueres, ancienne responsable du climat à l’ONU.
L’effet du confinement : juste un « creux »
Si vous pensiez que les mesures de confinement à l’échelle mondiale avaient eu un impact sur l’augmentation des niveaux de CO2, détrompez-vous. En 2020, la quantité de CO2 dans l’atmosphère a atteint un niveau record, avec un pic de 417 parties par million (ppm) au mois de mai. La dernière fois que nous avons dépassé 400 ppm remonte à environ 4 millions d’années.
« Nous observons des niveaux records chaque année, » déclare Ralph Keeling, responsable du programme CO2 à la Scripps Institution of Oceanography, dans une interview à la BBC. L’effet des mesures de confinement sur les concentrations de CO2 dans l’atmosphère a été si faible qu’il n’a été enregistré que comme un « léger creux ». L’effet sur l’augmentation des niveaux de CO2 a été négligeable.
« Selon le scénario le plus pessimiste, d’ici la fin du siècle, les niveaux de CO2 seront de 800 ppm. Nous n’avons pas connu cela depuis 55 millions d’années. À l’époque, il n’y avait pas de glace sur la planète et la température était de 12 °C plus élevée, » explique Martin Siegert, codirecteur du Grantham Institute pour le changement climatique et l’environnement à l’Imperial College de Londres.
Les glaciers de montagne fondent à une vitesse record
Une nouvelle étude publiée dans la revue Nature montre que la quasi-totalité des glaciers de la planète perd de la masse, et ce à un rythme effréné. Des chercheurs du Canada, de France, Suisse et Norvège ont collecté 20 ans d’images satellites prises par une caméra spéciale embarquée sur un satellite de la NASA. Plus de 210 000 glaciers dans le monde (à l’exclusion du Groenland et de l’Antarctique) sont concernés par l’étude et ont perdu en moyenne 267 gigatonnes de glace par an. L’impact sur l’élévation du niveau des mers a été d’environ 0,74 millimètre par an (soit 21 % de l’élévation globale du niveau des mers observée au cours de cette période). Le taux d’amincissement mondial a doublé au cours des 20 dernières années.
L’élévation du niveau des mers menace le bien-être des habitants de régions comme l’Indonésie, le Bangladesh, le Panama, les Pays-Bas et certaines parties des États-Unis. Mais la diminution des glaciers ne provoque pas seulement la montée des océans. Des millions de personnes dépendent de la fonte des neiges pour leur eau potable. « Ils fournissent de l’eau fraîche et abondante pour de nombreux systèmes à travers la planète, » explique Brian Menounos, professeur de sciences de la terre à l’Université du Nord de la Colombie-Britannique. « Une fois ces glaciers disparus, vous n’avez plus ce pouvoir tampon.«
« Il y a dix ans, nous disions que les glaciers étaient l’indicateur du changement climatique, mais aujourd’hui, ils sont devenus un mémorial de la crise climatique. » – Michael Zemp, directeur du Service de Surveillance Mondiale des Glaciers.
Le monde sera-t-il en mesure d’atteindre l’objectif fixé ?
Alors que la science explique la nécessité d’accroître l’ampleur et la rapidité de l’action climatique, ces engagements renouvelés et ajustés ne sont pas un luxe.
Jusqu’à présent, trop de pays qui s’étaient engagés à respecter l’Accord de Paris n’ont pas réussi à fixer des objectifs adéquats pour relever ce défi. Même si chacun atteignait son objectif, les émissions mondiales totales continueraient de pousser le réchauffement bien au-delà de 2°C.
Les objectifs d’émissions récemment annoncés définissent l’orientation stratégique à suivre pour respecter l’Accord de Paris. Toutefois, fixer les objectifs est la partie facile, les atteindre sera un défi extrême. En l’état actuel des choses, de nombreux pays peinent à atteindre leurs objectifs (inadéquats). Et comme les intentions nouvellement fixées sont peu détaillées, la question reste de savoir comment les réaliser. Certes, les industries de production d’énergie sont confrontées aux plus grands défis, mais tous les secteurs et économies seront appelés à réduire leurs émissions. Dans de nombreux cas, la voie à suivre pour y parvenir n’a pas encore été déterminée.
Malgré tout, le fait que des pays et des économies de premier plan se fixent des objectifs pour les prochaines années souligne l’urgence et l’élan international croissant en faveur de l’action climatique.
Le défi au-delà de cela : « Même si nous arrivons à un taux net zéro, nous devons éliminer le carbone »
La remarque est de John Kerry (envoyé spécial pour le climat de l’administration Biden) lors du sommet sur le climat. Il a prévenu que les émissions nettes nulles d’ici le milieu du siècle ne seront pas suffisantes pour éviter un réchauffement catastrophique. « Pour préserver un climat mondial sûr et reconnaissable, le monde devra commencer à éliminer le dioxyde de carbone que nous avons rejeté dans l’atmosphère au cours des 200 dernières années, qui a créé une couche isolante autour de notre planète.«
S’il est déjà difficile d’amener les pays à réduire leur consommation de pétrole, de gaz et de charbon, l’élimination du carbone est un autre défi à relever. Elle exige plus d’attention et d’action que ce que nous voyons actuellement.
Un élan pour les start-ups de la technologie climatique
Le monde dispose de 9 ans pour réduire de moitié les émissions mondiales de carbone et de 29 ans pour parvenir à un niveau net zéro. Ces échéances marquent le point de non-retour pour rester dans la limite des 1,5°C de réchauffement et éviter les scénarios les plus dangereux.
Dans ce court laps de temps, tous les secteurs et toutes les économies doivent se transformer. Les solutions technologiques en matière de climat doivent s’accélérer et être commercialisées rapidement. Mais jusqu’à présent, les progrès ont été lents. Selon l’analyse de PWC, nous devons multiplier par sept le taux d’action climatique pour combler le fossé entre les objectifs et la réponse mondiale inadéquate. Cette décennie doit apporter des solutions révolutionnaires pour que le monde atteigne le niveau net zéro. Les start-ups sont essentielles pour que cela devienne une réalité.
Le risque de cette époque perturbée par la pandémie est de vouloir revenir à la situation antérieure. Mais pour relever les défis de demain, les pays, les secteurs, les organisations et les individus doivent repenser. Nous devons saisir ce moment pour guider le monde vers une croissance durable. Le rôle des start-ups dans la réinitialisation et la reconfiguration pour un avenir net zéro inclusif est vital.
Alors que les gouvernements, les entreprises internationales et les investisseurs s’engagent en faveur d’un avenir net zéro (voire négatif en carbone), la demande en technologies climatiques révolutionnaires est en hausse. Le moment est venu de soutenir les meilleures idées et les meilleurs entrepreneurs, afin qu’ils puissent se développer et contribuer à transformer les industries et la société.